Thézy-Glimont. Diagnostic sur 4,9 ha, préalablement à l’aménagement d'un lotissement (A. Dubois, Service d’Archéologie d’Amiens Métropole, 2012) puis fouilles d'une première tranche
(Y. Le Bechennec Service d’Archéologie d’Amiens Métropole, 2012)
En 1968, R. Agache avait détecté deux groupes de substructions gallo-romaines éparses interprétées comme deux villae. A l'ouest, un bâtiment rectangulaire sur fondations de craie à galerie de façade était visible. A l'est, les vestiges étaient plus difficiles à interpréter. Les prospections effectuées par J. Guéquière (C.I.R.A.S.) en 2004 ont montré que ces deux sites étaient inclus dans un ensemble beaucoup plus vaste, étendu sur plusieurs centaines de mètres de long, en bordure de l'Avre. Après un diagnostic préalable à l'emplacement de la zone ouest, une fouille complémentaire a porté sur le secteur occidental de l'emprise étudiée.
Au nord-est, une occupation latènienne, à probable vacation spécifique, est principalement matérialisée par un enclos quadrangulaire (2045 m²) ceint par un fossé large de 2,40 à 2,70 m. La partie interne de l’enclos renferme une série de fosses et de trous de poteaux qui, pour certains sont attribuables à la Tène moyenne. Le comblement a livré entre autre des ossements de chevaux et du matériel associé au domaine militaire datable, par la stratigraphie et par un mobilier peu abondant, des années 280-125 av. n. è.
Le fossé de l'enclos. Cl. Service d’Archéologie d’Amiens Métropole
La limite ouest de l'emprise du diagnostic, localisée à environ 160 m de l'enclos, est marquée par un long fossé orienté nord-est/sud-ouest. Celui-ci s’aligne sur le fond d’un petit relief nommé « vallée de Corbie », entre plusieurs voies de circulations naturelles, à portée de vue de la voie romaine. Bordant le fond de vallon, une série de fosses accueillent des animaux (équidés, bovidés et porcs) non consommés. Dans les trois plus grandes, qui dépassent les 6 m, ils sont déposés au côté de trois individus masculins. L'un d'entre eux est déposé sous un porc et sur le dos, les autres sont déposés sur le ventre et sous des bovidés ou des équidés. Equidés et bovidés sont tous orientés la tête vers l’Avre. Ces fosses sont datées par la stratigraphie et par un mobilier peu abondant de la Téne moyenne. Elles voisinent avec les vestiges d’un habitat groupé ouvert à probable vocation artisanale de la transition La Tène B/C1. Les zones rituelles, enclos et lignes de fosses pourraient constituer des espaces publics liés a cet habitat.
fosses à offrandes qui associe des annimaux d'élevages et un humain
dans un effet volontaire de cortége. Cl. Service d’Archéologie d’Amiens Métropole
L'occupation gallo-romaine couvre essentiellement les Ie-IIIe s. de notre ère. Le bâtiment repéré par R. Agache recoupe le nord-est de l’enclos. Ouvert à l'est, couvrant 243 m², il est composé de quatre salles longées au sud par une galerie de façade flanquée à l'est par un pavillon d’angle.
Les fondations du bâtiment gallo-romain. Cl. Service d’Archéologie d’Amiens Métropole
Plusieurs fossés d'orientation différente, suivis sur plusieurs dizaines de m, structurent l'espace. Au sud-ouest, un fossé doublant le fossé laténien structure un habitat matérialisé par un puits, quatre caves et des fosses destinées à entretenir les fossés antérieurs. Une des caves est remarquable. Construite en blocs de craie liés à la terre, elle a été dès son origine, dans la seconde moitié du premier siècle, prévue pour accueillir un four à pain de belle taille. Son comblement a livré une pelle à feu en fer de plus de 1,20 m de long qui traduit pour le moins une activité soutenue. Une seconde cave, non maçonnée, est équipée d’un puissant système de fondation à pan de bois. Elle pourrait avoir accueilli un moulin dont les meules ont été retrouvées à proximité.
Cave avec four domestique. Cl. Service d’Archéologie d’Amiens Métropole
Source : Tahar Benredjeb, Carte Archéologique de la Gaule, département de la Somme, à paraître, 2013 et renseignements Yves Le Bechennec..