ROGER AGACHE ET L'ARCHEOLOGIE AERIENNE
Consacrant d'abord ses recherches à la Préhistoire, c'est en avril 1960 que R. Agache, grâce à un simple 24x36 d’amateur et un coucou de l'aéro-club d'Abbeville, s'initie à l'archéologie aérienne dont il affine progressivement les techniques.
Pendant deux décennies, il règne sans partage sur le ciel du département, accumulant des milliers d'heures de vol (1960-1979) et des dizaines de milliers de clichés qui contribuent à populariser fortement cette discipline.
Les indices topographiques, sciographiques, phytologiques, pédologiques, hygrométriques ainsi que les ombres portées, n’ont bientôt plus aucun secret pour lui. Malgré leur fugacité, tous sont mis à contribution pour détecter le maximum de vestiges enfouis. Désormais l'archéologie change d'échelle. Au terme de 20 ans de détection aérienne, un peu plus de 2900 sites protohistoriques et antiques sont découverts par R. Agache et, pour certains d’entre eux sauvés d’un oubli irrémédiable. En 1978, une synthèse en a été faite dans la Somme préromaine et romaine.
Même si leur activité apparaît marginale, d'autres prospecteurs aériens méritent d’être signalés : John Kenneth Sinclair St Joseph, qui fait déjà figure de vétéran de la photographie aérienne quand débute R. Agache, François Vasselle qui a fait quelques tentatives dans le département et Christophe Chardonnet qui survole, de 1984 à 1987, le canton de Montdidier. Depuis la fin des années 1980, l’archéologie aérienne, faute de renouvellement de ses praticiens, a pratiquement disparu du paysage archéologique.
L’apport des détections aériennes ne saurait masquer certaines lacunes. Elles dépendent étroitement du substrat pédologique, des techniques culturales et des techniques de fondation ou de construction des habitats. Si elles permettent la reconnaissance de grandes séries typo-morphologiques (enclos circulaires, fermes indigènes, fana, villae), environ un cinquième des sites sont indéterminables. Faute d’informations complémentaires, ils restent, en attendant d’éventuelles fouilles archéologiques, classés dans la catégorie des fossés, substructions, aires humiques et autres habitats disparus qui ne peuvent être datés. Les clichés fournissent d’ailleurs une image à un instant particulier de la vie du site. Si des réaménagements sont parfois perceptibles, les phases d’évolution, qui vont parfois de la protohistoire au Bas-Empire ne peuvent être déterminées.
Depuis 1992, le CIRAS a entrepris de prospecter les sites repérés par R. Agache. A ce jour, près de 800 l'ont été.
Sur le document pdf : bibliographie, liste des rapports, site Web et filmographie de R. Agache.